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SCULPTURES

À PROPOS...

Le regard

L’avidité de la vie et l’approche du moi que représente l’œuvre du sculpteur ne peuvent exister sans le regard de l’autre.

L’œuvre de l’un dépend de l’œuvre de l’autre, le langage plastique est un langage d’amour,un croisement de regards.

Le sculpteur prend dans sa main l’Univers. De l’informe à la forme, il façonne le devenir, du cœur vers la forme, il projette dans un monde cosmique de la terre au sublime il devient un héros.

Le sculpteur

Cette main qu’il nous tend pour nous entraîner dans son exigence de pureté magnifie notre besoin de liberté ; cette reconnaissance qu’il rejette n’est rien de moins (en tant que finalité volontaire) que la gloire.

« L’idée de courage, qualité qu’aujourd’hui nous jugeons indispensable au héros, se trouve déjà, en fait, dans le consentement à agir et parler, à s’insérer dans le monde et à commencer une histoire à soi », définition prise à Arendt.

Mais si pour certains ou pour chacun, il arrive de toucher à l’extase, à la certitude du vide, au degré plus ou moins zéro, le sculpteur ne peut se bercer d’illusions, il ne passera jamais d’une filiation qu’il aimerait satanique à une divine surprise, ce qui, dans un monde sans pudeur exige une éthique.

Ethique du sculpteur

Résurgence d’un mot utilisé déjà par les Grecs qui permet, dans notre univers actuel, d’escamoter la morale. La morale suppose la critique, le jugement et le regard partisan assurés du bien-fondé de la pensée. L’éthique interpelle les engagements et intervient sur la responsabilité de l’homme vis-à-vis de lui-même comme de son milieu. Il est évident que l’interrogation éthique met à jour des déviations et des détournements de sujet. Il est évident que l’interrogation éthique impose en terme de devoir la responsabilité et en interroge aussi ses limites.

Un délit d’initié est un détournement moral, non une faute. Déployer ses idées à l’ombre de fausses factures est un détournement moral. Il n’est pas de même de l’auto-amnistie Rushdie, interpellant des valeurs, appelle une répression. Monter en chaire en habits sacerdotaux ne remplacera pas la possibilité de se coucher en travers de l’autoroute un vendredi soir de départ de week-end de Pentecôte. Un homme seul devant une colonne de chars à Pékin au nom de la dignité, d’autres au nom de la faim et d’autres encore au nom du droit à la vie, nous interpellent ou plutôt à des degrés divers, interpellent notre conscience.

La raison d’être    et tous prolongent le débat d’éthique du sculpteur face à la réalité de son œuvre, à la réalité de sa raison d’agir, à sa responsabilité en conscience au milieu des autres.

Mais l’universalité de l’œuvre du sculpteur n’exclut pas une connaissance ni un savoir liés au milieu, au groupe, au fondement terrien. Toutes les tendances ne peuvent éclore en n’importe quel lieu, en n’importe quel milieu, en n’importe quel terroir.

Le regard sur l’autre

Sous tous les cieux, le sculpteur peut et doit immoler jusqu’au souvenir de l’autre, mais sans l’autre il n’est rien.

Les influences, les origines et les déformations, ensemble, créent une nouvelle objectivité du regard qui est une mise à nu volontaire de celui qui regarde

Liberté du regard    c’est à l’ensemble des hommes, sculpteurs ou non, en pleine communauté, de refuser cette manipulation au gré des idées comme des sélections selon des choix établis. C’est bien à tous de refuser la mise en conserve de l’œuvre par une panoplie de connaissances excluant le regard et aussi l’émotion

Dans cette navigation à vue en trois dimensions qui font la lecture continuelle de l’indivisible, l’aboutissement total, absolu a bien pour but la perception de l’espace intérieur, qui englobe tous les autres c’est le regard sur soi-même.

Paris, Juin 1989

G. LARDEUR

Paru dans la revue « Sculpteur »